Le Canal Saint-Martin, une histoire d’eaux
A partir du boulevard Jules Ferry, les eaux du Canal Saint-Martin finissent sous terre leur traversée de la capitale jusqu’au Port de l’Arsenal; mais avant, c'est à ciel ouvert qu'elles déroulent leurs eaux changeantes.
Avec ses quelques 4,5km de longueur, le Canal Saint-Martin ne représente qu’une petite partie des 130 kilomètres qui constituent le réseau des canaux parisiens, avec ceux de Saint-Denis, de l’Ourcq et le Bassin de La Villette.
Un peu d’histoire
En d’autres temps, l’eau du robinet n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui. Bénéficier d’une eau potable n’allait pas de soi, aussi bien en quantité qu’en qualité car, déjà avant la Révolution, les eaux de la Seine et de la Bièvre souffraient de pollution. Bref, la capitale manquait d’eau.
Homme actif et décidé, celui qui n’est pas encore empereur s’empare alors du dossier afin de trouver une solution aux épidémies de dysenterie, et autres fléaux engendrés par des conditions d’hygiène plutôt déplorables qui sévissent dans la capitale.
Le Préfet de Paris Gaspard de Chabrol ressort alors des tiroirs un très vieux projet d’urbanisme, consistant à aller quérir l’eau de l’Ourcq, prenant source bien au-delà de la capitale, et à la ramener jusqu’à celle-ci au moyen de canaux. Décidée en mai 1802, la création du Canal Saint-Martin ne sera concrétisée par la pose de sa première pierre que 20 ans plus tard ! Enfin après 3 ans de travaux, il sera inauguré par Charles X en 1825.
Au fil de l’eau
Comment furent gérés les problèmes de l’eau durant cette longue période ? Sûrement bon an mal an. Toujours est-il que le Canal Saint-Martin connaîtra ensuite un bel âge d’or pendant plus d’un siècle : chargé d’amener l’eau à la capitale, il l’approvisionnera également en marchandises de toutes sortes. Entreprises, ateliers et usines bordent alors ses quais, avant de disparaître dans les années 1960, incapables de résister aux évolutions amenées par l’automobile et les réseaux routiers.
L’échappée belle
Pire encore, le Canal Saint-Martin évite la destruction dans les années 70, lorsqu’un projet manque de le transformer en véritable autoroute urbaine à 4 voies ; un projet qui ne vit, heureusement jamais le jour. Car pourrait-on seulement imaginer aujourd’hui, un genre de périphérique allant du Bassin de la Villette au cœur de la capitale ? Non merci.
Le Canal Saint-Martin joue aujourd’hui un rôle bien plus flatteur. Sur ses berges autant que sur ses eaux, il est devenu un lieu de promenade prisé des parisiens (et des autres).
Le Canal Saint-Martin des quais de Valmy à Jemmapes, dans le 10ème arrondissement